Hommage à Maurice Ohana

S’il est un compositeur de notre temps dont l’œuvre peut témoigner de la rencontre des musiques espagnole et française, c’est bien Maurice OHANA, disparu il y juste vingt ans.
Puisant son inspiration aussi bien à l’écoute du Cante Jondo, ce chant profond de l’âme espagnole, que dans l’admiration pour Debussy, en souvenir duquel il composa une de ses plus belles œuvres, Tombeau de Claude Debussy, il sut allier parfaitement ses multiples références aux musiques traditionnelles à un langage contemporain et personnel. Sa vie durant et parallèlement à ses compositions, il tint une manière de carnet intime en harmonisant des chansons populaires sur des poèmes d’auteurs anonymes et de Federico Garcia Lorca, montrant ainsi combien il était pour lui essentiel de toujours « chanter dans son arbre généalogique » selon le mot de Cocteau. La voix, la guitare. Voilà sans conteste les deux acteurs principaux de la musique espagnole qui s’unissent ou se combattent dans les contrastes d’une voix tour à tour âpre et sensuelle et des cordes d’une guitare qui « fait pleurer les songes » mais où « passent de noirs chevaux et des hommes sinistres » (Federico Garcia Lorca).
Le programme composé par Dominique Moaty et Jean Horreaux propose ainsi de rendre hommage à Maurice Ohana en présentant des œuvres illustrant ce rapport intime qui unit depuis toujours musique populaire et musique savante au cœur de la musique espagnole. 

Programme 1ère Partie
Tres canciones populares, Joaquin Rodrigo 
La maja dolorosa, Enrique Granados  
El majo discreto, Enrique Granados
 El mirar de la maja, Enrique Granados
 El tralala y el punteado, Enrique Granados
 Siete canciones populares espanolas, Manuel de Falla

 2ème Partie
 Tiento (pour guitare seule), Maurice Ohana
 Cantares del querer lejos, Maurice Ohana
 Las mis penas son de amores, Maurice Ohana
 Nana, Maurice Ohana
 Neige sur les orangers, Maurice Ohana
 Urrundik, Felix Ibarrondo
 Anda jaleo, F. Garcia Lorca
 Nana de Sevilla, F. Garcia Lorca
 Zorongo, F. Garcia Lorca
 El Cafe de Chinitas, F. Garcia Lorca.

 

Dominique Moaty, soprano

Une enfance très itinérante a forgé en elle le goût de sortir des sentiers battus et d’explorer des horizons toujours nouveaux. Son voix chaleureuse s’est enrichie de ses longs séjours, enfant, en Bulgarie et en Algérie. Elle a douze ans, à Sofia, lorsque sa professeure de piano remarque son timbre exceptionnel et préconise de commencer à quinze ans l’étude du chant. Elle suit son conseil, et tout en approfondissant de nombreux champs de sa formation musicale (composition, piano, musicologie), se consacre peu à peu uniquement à l’art vocal, trouvant là le point de convergence de toutes ses passions. Elle débute avec le théâtre musical, perfectionne le style baroque avec William Christie et Philippe Herreweghe et est mise en scène à Rome par Eugène Green. Elle chante et enregistre au sein de l’ensemble Sagittarius avec Michel Laplénie, tout en créant de nombreuses œuvres contemporaines, en particulier pour l’émission « alla breve » de France Musique. Elle donne des récitals, en compagnie de Jean Horreaux (guitare), Marie Langlet (théorbe), Michel Benhaïem (piano), Pierre Cazes (clavecin). Elle prend aussi des chemins de traverses pour des réalisations plus personnelles : création de ses propres œuvres ou réalisation de récitals mis en scène. 

Jean Horreaux, guitariste

C’est par la musique de chambre qu’a débuté la carrière de Jean Horreaux, puisqu’il s’est rapidement fait connaître avec le Duo de guitares Horreaux-Tréhard dont l’aventure musicale a commencé en 1978. Le succès qu’il a rencontré pendant plus de vingt ans d’activité lui a valu d’être invité à ce titre par les plus grands festivals (Lille, Auvers sur Oise, Orangerie de Sceaux, Saint-Lizier…), de se produire régulièrement en soliste avec orchestre , notamment avec le Philharmonique de Radio-France et de donner plus de six cents récitals tant en France, à Paris (Musée d’Orsay, Grand Auditorium de Radio-France), Toulouse, Strasbourg, Marseille, Caen, Nantes…, qu’en Europe : Vienne, Amsterdam, Rome, Prague, Budapest, Athènes, Munich, Bruxelles, Lisbonne, Barcelone et dans le monde. Défendant avec talent et conviction un répertoire exigeant illustrant « une certaine idée de la guitare », ses concerts, ses nombreuses prestations radiophoniques (France-Musique, France-Culture, France Inter) et télévisées (France 2, France 3, M6, RTL), sa discographie (plus de 10 CD parus essentiellement chez Calliope) ont rencontré la faveur du public et de la presse spécialisée (Télérama, Diapason, Le Monde de la Musique) et généraliste en France et à l’étranger. Inscrivant la création contemporaine au cœur de sa démarche artistique, il a marqué de son empreinte l’histoire et le répertoire de la guitare, puisqu’il est le dédicataire et le créateur d’œuvres pour deux guitares, seules ou avec orchestre de Maurice Ohana, Iannis Xénakis, Ton-That Tiêt, Félix Ibarrondo, Charles Chaynes, Edith Canat de Chizy… Depuis la disparition de son partenaire, Jean Horreaux se produit en soliste dans un répertoire qui va de luis Milan à Luciano Berio, en concerto, avec notamment les « Trois Graphiques pour guitare et orchestre » de Maurice Ohana) et en musique de chambre avec la soprano Dominique Moaty dans le spectacle « Chants d’Espagne » mis en scène par Luis Jimenez et créé au Café de la Danse. Titulaire du Certificat d’aptitude, Jean Horreaux enseigne la guitare à l’Ecole Nationale de Bobigny et au Conservatoire du Xeme arrondissement à Paris. Il est par ailleurs directeur de la collection « Guitare » des Editions Musicales Gérard Billaudot.